[7 janvier 2016]
Les tunnels de Cu Chi
Aujourd’hui sera une longue journée. Avec quelques moments fun et qui finira joyeusement. Mais surtout une de ces journées qui vous marque des souvenirs au fer rouge dans la mémoire. Une journée qui nous permet de plonger, plusieurs heures durant, dans d’horribles souvenirs d’une guerre qui n’aurait dû avoir lieu et qui a vu deux mondes s’affronter, deux idéologies s’étriper dans des proportions inimaginables avec pour seul résultat avéré la mort de millions de personnes, en majorité des civils. Mais n’allons pas plus vite qu’un bombardement de B52 sur un village de paysans.
La première partie de la journée a été fun malgré tout, en abordant la guerre du Vietnam sous un angle différent. Car ce matin nous partons visiter le site de Cu Chi à 70 kilomètres de Saigon. Nous et la quarantaine d’autres touristes qui ont réservé cette excursion avec T&K Travel – et bien nous en a pris. Nous sommes accompagnés par un guide vietnamien très sympatique, « Mister Handsome », de son vrai nom Huye, qui réussira avec brio la tâche difficile de nous informer de choses graves avec humour, tout en répondant à toutes nos questions avec le sourire.
Il est 8h15 lorsque notre bus quitte l’agence T&K Travel située juste en face de notre hôtel. Nous avons entre 1h30 et 2 heures de route pour franchir les 70 kilomètres qui nous séparent de Cu Chi. 2 heures pour 70 kilomètres ! Ca vous dit quelque chose sur la densité du trafic ici. La faute aux milliers de scooters mais aussi la propension des conducteurs vietnamiens à faire fi des règles de circulation et de rouler où bon leur semble et qu’importe si cela signifie rouler à contre-sens 😉
Mais qu’allons-nous faire dans le site de Cu Chi au fait, cette zone de 420 kilomètres carrés que deux journalistes de la BBC auteurs du livre « Les tunnels de Cu Chi », Tom Mangold et John Penycate, ont décrit comme « l’endroit le plus bombardé, mitraillé, gazé, déforesté et plus généralement dévasté de toute l’histoire de la guerre humaine » ? Cet endroit devenu légendaire dans les années 60 a une histoire incroyable qui incarne le caractère pugnace et résistant ainsi que l’ingéniosité du peuple vietnamien. Cette jungle du Vietnam du sud, particulièrement stratégique pour les deux camps, située près de la frontière avec le Cambodge et à deux pas d’Ho CHi Minh Ville, a en effet vu se dérouler des combats de David et Goliath à l’issue totalement improbable.
Quelle chance de survie et de victoire pouvaient bien avoir des milliers de paysans et de résistants Viet Cong faiblement armés face à la première armée du monde, à ses GI suréquipés, à ses bombes, à ses B52, à ses armes chimiques et à ses tanks ? Et pourtant ils l’on fait ! Ils l’ont fait grâce à un réseau de tunnels inimaginables de plus de 250 kilomètres sur trois niveaux, creusés à la main et à truelle où les résistants se cachaient, vivaient et communiquaient. Et cela sous les bases américaines même ! Les américains mettront d’ailleurs très longtemps avant d’en découvrir l’existence, subissant continuellement des pertes importantes sans comprendre comment les Viet Cong pouvaient apparaître et disparaître si soudainement. « On ne les voit nulle part mais ils sont partout », disaient-ils.
Dit comme ça, ça paraît simple… En fait la construction de ces tunnels a démarré bien avant la guerre du Vietnam américaine, lors du conflit avec la France pour l’indépendance et s’est étalée sur une période de 25 ans. Il faut s’imaginer les conditions dans lesquels les résistants vietnamiens ont vévus dans ces tunnels de terre de 60 cm à 80cm de haut maximum, sans électricité, à ramper comme des rats pendant plusieurs mois, tandis qu’au-dessus d’eux les géants américains déchaînaient les enfers pour percer leur secret dans une jungle épaisse : gaz mortels dans les conduits de ventilation, meutes de bergers allemands pour renifler les entrées (tuant au passage des centaines de chiens sans résultat probant), grenades, bombes, tanks, la totale.
Et de l’ingéniosité, il en fallait pour survivre ! Pour dissimuler les fumées de la cuisine sous terre, pour créer de fausses entrées menant à des pièges, pour créer des passages sous marin jusqu’au fleuve, pour récupérer les rebuts et bombes non explosées et en faire des armes et des pièges cruels… Un système D paysan qui ferait aller se coucher Mac Gyver et l’Agence tout risques la queue entre les jambes.
Nous découvrons tout cela en suivant notre guide Huye, à travers une forêt très jeune puisque tout a été rasé il y a 40 ans. La visite s’organise autour d’ateliers qui montrent les différents aspects des tunnels et de la vie des résistants VC. Dans l’un des premiers ateliers, les volontaires rentrent chacun à leur tour dans une entrée pour s’enfermer complètement. Je suis le deuxième à passer et à me glisser dans l’ouverture étroite jusqu’à disparaître complètement. Une fois la trappe posée avec le feuillage dessus, impossible de deviner ce qui se cache dessous. Al’intérieur, on suffoque rapidement. Huye nous indique que les ouvertures et les tunnels ont été un peu agrandis pour les touristes, en général plus corpulents que les vietnamiens, en particulier les résistants faiblement nourris.
Un peu plus loin nous découvrons un tank échoué là après avoir explosé sur une mine en 1970. Huye nous montre les vrais et les faux conduits de ventilation dans lesquels les GI mettaient du gaz ou lançaient les chiens. Malheureusement pour ces derniers, les Viet Congs récupéraient les vêtements des GI et leur savons pour dissimuler leurs odeurs corporels dans les tunnels. Les résistants ont été jusqu’à piéger leurs propres tunnels avec des trappes mortelles pour ceux qui ne savaient pas où s’appuyer pour passer sans tomber.
Alors que nous avançons d’atelier en atelier, de vrais coups de feu résonnent par grappe comme si nous étions au milieu du conflit… Il ne s’agit pas de haut-parleurs mais de vrais tirs du stand de tir situé en fin de visite, où les touristes s’amusent avec des M16 ou des AK47 pour voir ce que ça fait. Ambiance… Nous avançons en passant en revue les différents pièges élaborés par les résistants, très souvent sous forme de trappes dissimulant des pointes acérées, fabriquées à partir du métal des bombes américaines récupérées.
Vers la fin de la visite, ceux qui le souhaitent peuvent faire un petit bout de chemin dans un des tunnels, sur des distances variant de 20 mètres à 100 mètres. Huye met en garde ceux qui seraient atteints de claustrophobie ou qui auraient des problèmes de dos ou de genoux, surtout à partir de 40 mètres où les tunnels font la taille originelle. Comme une dizaine d’entre nous je descends dans le tunnel. Susie renonce en voyant la taille de l’ouverture. A l’intérieur on progresse accroupi. Il fait très chaud. Il n’y a pas de lumière. Comme on se suit à la queue leuleu, il faut attendre dans le noir que les gens avançent. Nous sommes plusieurs à vouloir aller au-delà des 20 mètres. Malheureusement le guide s’est trompé dans ses indications en nous disant que les sorties disposées tous les 20 mètres se trouvent sur la droite des tunnels au lieu de la gauche. Du coup je ressors au bout de 20 mètres, en sueur. OK, ça suffira pour aujourd’hui !
Il est temps de rejoindre le stand de tir où les coups de feu deviennent rapidement assourdissants. Les américains ont laissé tellement du munitions à leur départ qu’il y en a encore suffisamment pour amuser les touristes depuis 40 ans à raison de milliers de balles par jour. Huye explique que de nombreux touristes qu’il accompagne ne suivent rien de ses explications et vont directement au stand de tir… De notre côté nous prenons une pause en attendant les tireurs.
Vers la fin du conflit, les américains ont décidé de mettre tout le paquet. D’abord en déclarant Cu Chi comme « Free zone », comprendre où les soldats ont le droit et le devoir de tirer à vue tout ce qui bouge puis en tapissant la zone de bombes et d’agent orange parmi les nombreuses saloperies chimiques inventées pour l’occasion. Les avions en fin de mission avaient pour ordre de larguer leur suplus de gaz et de bombes sur Cu Chi avant de rentrer à la base.
Sur le retour nous méditons sur cette visite très intéressante qui pour une fois, montre ce conflit du côté des vietnamiens. Combien de films avons-nous vu avec les GI américains, présentés comme des héros qui allaient bousiller du viet en rampant dans la boue ? Clairement cette guerre a été un enfer pour ces soldats, progressant dans un environnement hostile pour lequel ils n’étaient pas préparés. Et pourtant on peut se demander qui sont les véritables « héros », si tant est que cette notion ait un quelconque sens dans une guerre.
Que pensent les vietnamiens des américains aujourd’hui ? demande l’un des voyageurs. Huye nous raconte alors une anecdote lors d’un de ses précédents tours. Il s’agissait d’un tour avec un petit groupe qui par coïncidence comportait deux familles de soldats ayant combattu pendant la guerre, une américaine et une vietnamienne. Que se sont-ils dit ? Hé bien ils se sont dit qu’ils ont eu de la chance de survivre. Huye insiste sur le fait que les vietnamiens ne regardent pas vers le passé mais se concentrent sur le futur pour faire progresser leur pays. Et lorsqu’on regarde où ils sont arrivés aujourd’hui après ces conflits incessants et dévastateurs, on peut se dire qu’ils se débrouillent pluôt pas mal…
[7th January 2016]
Cu Chi tunnels
This morning we’re heading out to Cu Chi to see and learn about the tunnels that we built by the Viet Cong rebels during the Vietnam War between them and the Americans (mainly). We were told to be ready for eight but at quarter to eight the phone went off in our bedroom. In the lobby our guide Huy, or Mr Handsome as he would soon be better known to us, was waiting. He led us over the road to wait in front of the tour operator’s office and gave me a piece of paper with our buses number on it and told us to wait for him.
The street was already throbbing with life, with dozens of tourists lined up, all waiting for their different tours to start. Which meant that there were also dozens of Vietnamese people with their armfuls of things to sell to us, tourists! ^_^ Just next to us there was a man with a pyramid of sweet and sticky buns on a plate on his head, for those of us who left their hotels without a decent breakfast inside them (there weren’t many). He asked everyone who took his photo to buy at least one bun, though not many did. Shortly afterwards a guy passed by trying to sell hammocks….which, if we bought one, would probably fill my big backpack on its own!!! I wonder how many tourists come back from Vietnam with a hammock in their luggage.
Once on the bus Huy, our guide, started his “sketch”. He was pretty funny, although there were a few obvious classics thrown in for luck (“Anyone not on the bus put your hand up”). He told us to call him “Who-ey” and not “Hoi” as hoi apparently means something nasty smelling in Vietnamese. He said that if we were scared of mispronouncing his name then we could call him Mr Handsome!
So, Cu Chi, the 250km (or 350km according to Huy) of tunnels created and used by the Viet Cong army to communicate between their enclaves and to mount surprise attacks on the US in their bases in the area. The US attempted ground operations to dig out the VC from their tunnels but this failed and so they resorted, instead, to firepower resulting in Cu Chi becoming “the most bombed, shelled, gassed, defoliated and generally devastated area in the history of warfare”.
After visiting the “Happy Room” we went and sat in a hut dug out from the mud and with a roof made out of dried leaves. In the hut there were a couple of entrances to tunnels (though I think they were just for show), a map of the area and a model showing the different levels of the tunnels and their location with regards to the river, etc.
The tunnels were basically on three levels, the first level contained the bunkers, the attack rooms, the offices, the mess, etc. The second level was the kitchen, the hospital and some tunnels in between and the third level was mainly just tunnels and traps. There were wells too inside the tunnels so that the VC soldiers didn’t have to drink the river water which was probably full of chemicals such as Agent Orange, etc. As Mr Handsome explained all of this to us, in the background there was the sound of gunfire, it sounded like we were in a war film.
As we left the hut and headed into the jungle the gunshots got louder and louder…machine guns…scary! I thought that maybe it was coming from speakers dotted around the place, but eventually realised that it must be the shooting range. We were all invited to purchase some ammo and go and fire some big guns if we fancied it…which we didn’t!
In the jungle there are several examples of traps used by the VC army to capture and kill US soldiers. They were very inventive! There were also examples of tunnels used by the VC and entrances to tunnels…which have been enlarged in size so that us tourists can have a go and play at being a VC soldier. The hole in question is rectangular in shape and framed with wood. There is a wooden lid that fits inside it. The hole is only about 50cm long and 25cm wide…a lot of us didn’t try it, but Stéphane had a go (we may attach the video to this post if we remember).
Huy also showed us the mouths of the ventilation shafts used to air the tunnels. He said that the VC created lots of them, not all of which lead to tunnels, in order to confuse the US soldiers. The GIs then started using dogs to sniff the holes, if the dog smelt VC soldiers then they would bark to signal that it was a shaft leading to a real tunnel and the US could throw grenades or gas down there. The VC army worked this out and then used peppercorns in their ventilation shafts. The dogs would smell this and run off quickly…the US army took 4 days to realise this and therefore, if the dogs ran off too quickly they would know that it was a real ventilation shaft and do what they had to do. In the end the VC army stole US army clothes from their prisoners or victims and put them in the shafts, when the dogs smelt “friendly” smells they just carried on normally…cunning!! “Genius idea wasn’t it”, asked Huy and when we agreed he concluded with “it was one of mine” ^_^.
When we eventually arrived at the gun range, a couple of couples in our group choose to try shooting…Huy told us that usually about 80% of every group does. 80%…that’s huge! He added that some people come on this tour just to shoot these old war guns.
As we were sitting and waiting for them to finish (with our hands over our ears to protect us from the noise!) a rather *large* American woman walked past us, having just been shooting at the range, saying “And I got the video of it too, that’s amazing!”. Isn’t it just…
The bullets that they sell to the tourists are STILL the leftover bullets from the Americans during the war!! Huy tells us that the stocks for the M15 guns are starting to run low and there is no way of replenishing them so be quick if that tickles your fancy!!
The next stop on our tour of the jungle was an actual tunnel…where Huy told us to turn right to get out as there is an exit every 20 metres. The tunnel has already been doubled in width and height so that tourists can use it, but even so I chickened out when I went down and saw the actual entrance to the tunnel. Huy told our group that we could only go as far as 60m today (as the tunnel is too narrow and too hot further on), but by the time I came back up from the entrance, our group was already standing outside several metres down the track…Huy had got it wrong, the exit was on the left, and so most of the group had only done 20m…and were not amused! I’m so glad I didn’t go down though as I would have been the one sucker to carry on to 40m having turned right to exit at 20m!!!!
We were then taken into a shelter where we were given steamed tapioca and a dip of crushed peanuts and salt to try and give it some flavour and a cup of tea each. It was a bit like an over cooked potato without the potato flavour – not our favourite thing, though the tea was nice, just not much of it.
We were told to visit the Happy Room on the way to the bus for those who fancied it and then once all back in the bus we set off for the one and a half hour trip back to town (in a slightly sweaty bus).
At our request the bus dropped off outside War Remnants Museum as it was still pretty early. First though, lunchtime and so we walked down the road until we found a very authentically local, food place…a stand selling sandwiches with pork, cucumber, onions, some other things and a kind of chili vinaigrette thing that wasn’t spicy until you bit into the little bits of red chili pepper which killed!! It did the job and with a freshly squeezed orange juice we were soon up and ready to hit the museum
Le musée du souvenir de la guerre
Le bus nous ramène à Saigon et nous dépose à notre demande devant le musée « du souvenir de la guerre », autrefois appelé musée des crimes de guerre des Etats-Unis. Avant de nous imposer cette nouvelle visite, nous prenons une pause déjeuner sur un stand de rue avec un sandwhich et une boisson, pour 45000 dong.
C’est le moment de rentrer dans ce musée. Je savais que ce serait dur et poignant mais je ne m’attendais pas à être si bouleversé et écoeuré par tant de brutalité, de violence et d’horreurs… dans une dimension encore supérieure à la prison S-21 des khmers rouges !
Disons-le tout net, avec la guerre du Vietnam les responsables politiques et militaires américains se sont rendus coupables de crimes contre l’humanité et de génocide, au même titre que les nazis ou les khmers rouges. Cela peut choquer de dire ça pour ceux qui ne connaissent pas l’histoire. Parce qu’on se sent proche des américains dans notre culture et que, bien sûr, c’est impossible qu’ils aient pu faire des choses pareilles, n’est-ce pas ? Les américains c’est comme si c’était nous. Les américains sont venus nous aider pendant la première et la seconde guerre mondiale, ils se battent pour la paix et la défense de notre culture. Et pourtant, aucune nation ne semble à l’abri de céder à la tentation répugnante de la guerre. Celle qui rend les hommes fous. Celle qui nourrit la haine et les amène à commettre les pires atrocités du monde. Ces responsables militaires et politiques américains admettrons eux-mêmes des années plus tard avoir eu « avoir eu tort, effroyablement tort » et qu’il était de leur devoir de raconter et d’expliquer pourquoi aux générations futures.
« Génocide », « Crime contre l’humanité », « Violation du traité de Genève », les nombreuses citations qui émaillent la visite sont sans appel, entre condamnations unanimes, tribunaux internationaux et repentis honteux de certains responsables américains. Je parle bien des responsables politiques car la grande majorité de l’opinion américaine était contre cette guerre.
Pour sa plus grande part le musée consiste en une vaste exposition de photographies et de témoignages écrits, un « Requiem de la guerre », immortalisant sa brutalité comme jamais, compilant les clichés de nombreux photographes (de plusieurs nationalités) et des extraits de mémoires américaines et vietnamiennes. L’exposition est également illustrée de graphiques qui permettent de mesurer l’ampleur des attaques américaines. C’est inimaginable.
Les états-unis croyaient pourtant à une guerre éclaires expédiée en quelques mois. Ils ont débarqué au Vietnam du Sud pour éviter que ce pays qu’ils contrôlaient via un gouvernement fantoche, bascule dans le bloc communiste en s’unissant avec le Vietnam du nord. Résultat, sans avoir jamais déclaré officiellement la guerre et sans avoir jamais été attaqués sur leur sol, ils envoyèrent la plus grosse cavalerie de tous les temps pour engloutir plus de vies, d’équipement et d’argent qu’aucun conflit précédent. Et ils le firent tant et si bien qu’ils finirent meme par faire tourner l’opinion d’une population locale en faveur du communisme à force de bombarder des civils des deux camps… Et tout ce gâchis humain a-t-il servi à quelque chose ? Non, puisqu’ils ont dû partir sans pouvoir empêcher quoi que ce soit.
Dans la première partie du musée, de nombreuses photos et témoignages sont terribles mais nous les regardons et nous lisons, pour tenter de comprendre, pour les chiffres, pour ces nombreuses informations restées secrètes un temps… Jusqu’à ce que l’opinion américaine et le monde entier soit enfin mis au courant des horreurs que perpétraient les troupes. Alors bien entendu les « Viet Cong » (VC) comme les ont appelés les américains, n’étaient pas des enfants de coeur non plus et nourrissaient autant de haine à l’égard des GI à qui ils infligèrent de lourdes pertes. Oui. Mais à la différence des américains, les Viet Cong n’ont jamais été gazer les américains chez eux.
Et là nous arrivons dans la seconde partie du musée qui révèle l’étendue et l’horreur de l’utilisation des armes chimiques. Il faut comprendre que les USA ont utilisé le terrain de guerre comme laboratoire d’expérimentation de gaz mortels et dévastateurs, les agents violets, agents verts et le tristement célèbre agent orange, un gaz contenant une molécule tellement nocive sur le corps humain et toute forme de vie qu’une toute petite quantité pure suffit à tuer des milions d’individus… Hé bien les B52 ont lâché ce gaz à répétition sur une grande partie du territoire, tuant au passage de nombreux GI. L’idée de ce gaz, l’agent orange, c’était de raser entièrement la jungle pour mettre les « viet » à découvert. Aujourd’hui il faudrait comparer ces actions aux pires catastrophes écologiques comme Tchernobyl ou Fukushima sauf que celles-ci étaient volontaires. Parce que ce fameux gaz a empoisonné les sols, la végétation et la vie pendant de nombreuses années… jusqu’à aujourd’hui !
Evidemment tout ce que je raconte semble être à charge mais encore une fois, ce sont les témoignages américains, les journalistes et les historiens du monde qui proposent ces informations, au travers de photos publiées dans de nombreux magazines et des livres écrits par d’anciens GI et responsables militaires. Ce n’est pas une propagande communiste ! Et pourtant on a dû mal à le croire sans le voir.
Jusqu’à ce moment de la visite, c’est dur. Choquant. Et pourtant rien ne peut préparer quelqu’un aux clichés de la dernière salle. A vrai dire, après avoir regardé quelques photos, j’ai dois sortir rapidement. Je ne sais pas comment font les autres touristes qui passent de photo en photo. Ces derniers clichés sont consacrés aux conséquences des empoisonnements par l’agent orange, quelques jours, quelques semaines, quelques années et quelques générations (!) plus tard. Car ce gaz entraîne des problèmes génétiques très graves qui se transmettent sur plusieurs générations. Ces clichés sont une collection de toutes ces maladies et de toutes ces malformations, une série d’hommes et de femmes monstres, difformes, méconnaissables, handicapés à vie et surtout des enfants, souvent des nouveaux-nés, sans bras, sans jambes, désarticulés, arrivés dans ce monde vivants mais pire que morts. C’est ça la réalité des armes chimiques. Sur l’un des derniers clichés, on voit une jeune femme handicapée d’une vingtaine d’années à qui il manque entre autre une main. Elle a écrit une lettre au président Obama pour lui demander de reconnaître la situation des enfants des 2ème et 3ème générations, toujours victimes de ces expérimentations chimiques des années 1970…
Quand il y en a plus… L’autre partie qui m’a choqué profondément fut ces clichés pris durant le tristement célèbre massacre de Mai Lin. Un massacre de 500 villageois perpétrés par une patrouille d’américains dans un déchainement sordide de sauvagerie… et dont il faudra attendre avril 2001 pour que le chefs des troupes, le sénateur Bob Kerrey passe aux aveux, d’autres ayant été condammés par la court martiale avant lui. Les clichés montrent des pauvres paysans de village, des femmes, dont certains enceintes, et des enfants, quelques secondes avant qu’ils soient massacrés, fusillés, le regard tétanisé. Le pire se trouve peut-être dans les extraits des mémoires qui illustrent ces photos. C’est l’un des soldats photographes qui parle, au moment où son pote va tirer sur la famille en face de lui : « Attends, je prends la photo. C’est bon, tu peux les finir. Je me retourne alors et j’entends le bruit des corps mous qui tombent par terre »… Et ça c’est l’un des plus « soft », je vous épargne le reste.
Ca fait réfléchir sur les attaques et sur les conflits d’idéologies qui continuent de secouer le monde et dans toutes ces configurations où nous sommes près à justifier des bombardements, où nous sommes certains d’avoir raison…
Aller, pour finir il faut bien en rajouter une couche, sur nous autres français cette fois. Oui parce qu’il ne faut pas croire qu’on a les mains propres par rapport au Vietnam ou lorsqu’il s’agit de torturer des prisonniers de guerre, nous qui avons inventé la guillotine… Et qui l’avons employée d’ailleurs sur des prisonniers politiques vietnamiens dans la « prison » de Con Son jusque dans les années 50-60. Sauf que dans cette prison, qui était finalement un camp de torture et de concentration, la mort par guillotine était probablement la plus douce des punitions après les supplices tels que l’arrachage des ongles, des dents, l’ébouillantement, la crucifixion, la brisure des articulations, la brûlure des parties génitales et j’en passe… Les américains nous ont succédé et se sont permis d’en rajouter une couche avec les fameuses « cages à tigre », une cage de fils barbelés où l’on forçait les prisonniers, de 30 centimètres de hauts sur 1,2 mètres. Nous finissons la visite du musée par les répliques des cellules de cette prison. Une visite qui nous aura ouvert les yeux sur l’histoire de nos parents et de nos grands-parents et que l’on ne peut appréhender qu’en venant ici.
War remnants museum
This was another place that was very hard to deal with (on a similar footing to the S21 prison in Phnom Penh).
Outside there are leftover helicopters and planes from the US army, but as it was very hot outside we headed into the building where the tour starts upstairs.
On the top floor, the exhibits explain about the politics and the US decisions to, first of all, provide the French army with millions of dollars of equipment to try to control the expansion of communism in Asia. Then their later decision to come and “help” the South Vietnamese Republic Army defeat the Viet Con (the Communist Army from the North of Vietnam).
The second floor was really hard to handle. There were hundreds of photos of the results of using products such as Agent Orange on the population. Birth defects, conjoined twins, etc. These defects can go as far as four or five generations. The photos are shocking and Stéphane admits to not being able to look at most of them…he just read the text associated to them.
The next room contains the photos of atrocities…for example the US soldiers gathered a group of women and children and pointed a gun at them, the photographer shouts “stop”, takes his photo — the one on the wall here — and then walks away. Under the photo it explains how he then heard the gun go off and the bodies dropping to the floor…
There are plenty of other stories to go with the dozens of other photos, each more sadistic than the one before. It’s hard to read all these stories and to see these photos of people pleading for their lives or having been slaughtered. It’s hard to know, also, how much of this is true…did the man and his sons hiding in a field have guns…were they the enemy or simply innocent victims. I would hate to have to be in a position where it’s kill or be killed and to feel so much fear that I would *happily* kill children to feel safer. Sometimes it’s good to be a computer geek or paper pusher and know that whatever decision I make in a day…no-one will suffer.
There were also shedloads of photos of burns victims from phosphorous bombs, napalm bombs and other chemical weapons. We decided that it was time for us to leave. There was only so much war and hatred that you could absorb in one day…
On the way out we passed through the exhibition showing the torture methods used in the prisoner of war camps…tiger cages, etc…just to lighten our spirits!
Marionnettes sur l’eau et soirée
Il faut que l’on se change les idées. Vraiment. Et ça tombe bien, le théâtre des marionnettes sur l’eau est tout près d’ici ! Il s’agit d’une forme d’art traditionnel vietnamien qui remonte à plusieurs centaines d’années. Le spectacle se joue avec des musiciens qui chantent et jouent en direct sur des instruments traditionnels de part et d’autre d’un bassin d’eau d’un mètre de haut environ. Un ensemble de marionnetistes invisibles depuis les spectateurs manipulent des marionnettes via des tiges invisibles sous l’eau, pour produire un spectacle qui raconte des tranches de vie ou des légendes vietnamiennes. Nous passons un bon moment à regarder et à écouter ces scenettes souvent drôles et innocentes. Ce qu’il faut pour commencer à laver le cerveau des horreurs précédentes.
Au lieu de rentrer vers l’hôtel nous restons au centre-ville pour tester le fameux restaurant « Ngon » d’Ho Chi Minh Ville. Cet endroit est une véritable institution de cuisine vietnamienne où les plats sont préparés sur des stands disposés autour des tables, ce qui permet de faire son choix en dévorant les mets avec les yeux avant de passer commande. Bon, en fait nous avons fait l’inverse mais nous nous sommes régalés quand même en partageant plusieurs plats typiques.
Pour digérer nous nous offrons une déambulation nocturne à travers la Saigon électrique et les tours illuminées.
La vie est belle ce soir. La guerre est loin ce soir…
Sur le chemin de l’hôtel nous passons également chercher notre lessive chez la mamie chez qui nous l’avions déposée. Et c’est nickel, 100 000 dong plus tard nous reprenons nos 5 kilos de linge propre. Pas d’embrouille, pas d’arnaque.
Il se fait tard mais nous passons une bonne heure à revoir et à changer notre planning à venir. Nous nous rendons compte qu’espérer faire tout le Vietnam du sud au nord en 3 semaines c’est impossible, à moins de courrir sans arrêt d’un endroit à un autre. Du coup nous annulons notre réservation au parc national de Cat Tien (nous devons malgré tout régler la première nuit) et nous achetons des billets d’avions pour Dan Nang le sur-lendemain, direction Hoi An. Nous passerons donc plus de temps dans la partie centrale avant de terminer sur Hanoi et la baie d’Halong. Nous nous gardons le delta du Mekong et le grand nord pour une prochaine fois…
C’est une très longue journée qui se termine avec beaucoup d’émotions contraires. Certains détours laissent des traces.
Water puppets and evening
Talking of lightening our spirits we now headed to the theatre where they have a water puppet show at 5pm and bought a couple of tickets. We had time for a quick nibble beforehand and, after failing to find a decent café that we both agreed on, we ended up sitting at a plastic table in a small supermarket with a chocolate milk, a green tea and some mochis.
The Water Puppet show was really interesting (though the puppets had clearly seen better days). At both sides of the stage was the orchestra and the singers and central stage was an Asian-style house with a muddy brown pool in front of it. There were about 18 different scenes to be played using different puppets. I’d thought that the puppeteers were under water, but I was clearly wrong as the puppets moved too quickly…I still don’t really understand how it worked…maybe something to look into when I get back home and have more time ^_-.
The hotel had recommended a restaurant near to the Notre Dame cathedral and so we decided to walk over there after the show. We’d thought that it was a bit of a posh street market, as they’d said that there were lots of stalls all around the restaurant and you choose what you fancy and eat in the middle. When we arrived at Ngon, we discovered a classy restaurant, where the waiters and waitresses serve you…not how we’d imagined at all.
We did, however, have a wonderful dinner of Bahn Nam (flat rice flour dumplings stuffed with minced pork and mushrooms), Hu Tiu / Mi Xao Rau Nam (stir-fried noodles with mushrooms and vegetables) and Bo Bia (Salad roll with stir-fried vegetables and dried shrimps). Really tasty. Oh and the sexy Bia Saigon saleswomen helped make Stéphane smile a bit more too!
After dinner and once back at the hotel we decided to change our plans. We cancelled our Cat Tien National Park visit and Dalat too as otherwise we will be running around like crazy things throughout Vietnam and maybe not have enough time to see some things further north that we really fancy. Oh well, more things to add to our next trip ^_-. Instead, we bought a ticket to fly to Da Nang where we will catch a bus to Hoi An for a few nights before heading up further north.
Marionnettes sur l’eau, les musiciens – Water puppets, the musicians
Marionnettes sur l’eau, les dragons – Water puppets, the dragons